Vouloir ce que Dieu veut est une disposition fondamentale pour entrer en oraison. C'est plus encore le fruit de l'oraison. En disant à Dieu : "Je veux ce que Tu veux", j'entre en relation personnelle avec lui. Je vais à sa rencontre au fond de moi où il m'attend. J'accueille son amour et j'essaie d'y répondre par mon amour qui est adhésion à sa volonté.
Qu'est-ce que je veux ?
Il y a en moi deux niveaux de volonté. Une volonté profonde qui constitue mon être créé par Dieu à son image et ressemblance. Elle est bien exprimée par le mot célèbre de Saint Augustin : "Tu nous as faits pour Toi (tournés vers Toi, tendus vers Toi), Seigneur, et notre cœur est dans l'inquiétude tant qu'il ne repose pas en Toi". Peu d'êtres ont conscience de cette orientation foncière de leur être et moins encore vivent habituellement à ce niveau. L'oraison nous y conduit. Et puis, il y a dans les zones périphériques de notre être (le corps, l'affectivité, le mental) beaucoup de volontés particulières. Ce ne sont souvent que des velléités, ou même des conduites instinctives plus ou moins discordantes. L'oraison va nous aider à trier les mauvaises, celles qui vont contre la volonté de Dieu, pour les éliminer, des bonnes à cultiver et surtout à accorder à ce que Dieu veut.
Qu'est-ce que Dieu veut ?
"Dieu veut que tous les hommes soient sauvés", nous dit Saint Paul. Notre Dieu est un Dieu d'amour qui veut notre accomplissement humain et spirituel, qui veut notre bonheur. Attention à cette peur plus ou moins consciente qui nous vient de fausses images de Dieu et qui nous fait reculer : "Si je me livre à Dieu, que va-t-il me demander ?" Soyons persuadés que les exigences de Dieu sont des exigences d'amour et que vouloir ce qu'il veut est le meilleur moyen de réussir notre vie.
Quel exemple le Christ nous donne-t-il ?
Contemplons le Christ tout attaché à faire la volonté du Père : "Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé" (Jn 5, 30). "Celui qui m'a envoyé est avec moi ; il ne me laisse jamais seul parce que je fais toujours ce qui lui plaît" (Jn 8, 29). Et au moment le plus tragique de sa vie, lors de l'agonie au Jardin des Oliviers : "Père, s'il est possible, que ce calice s'éloigne de moi. Cependant non pas ce que je veux, mais ce que tu veux" 'Mc 14,36). Et par cet amour pleinement soumis, le Christ sauve le monde. Faisons nôtres les sentiments du Fils Bien-aimé dans le quel nous sommes devenus fils du Père par l'action de l'Esprit Saint.
Si je n'y arrive pas, que faire ?
Pratiquement, soyons modestes. Commençons par dire : "Seigneur, je voudrais bien vouloir ce que tu veux". Répétons avec la liturgie : "Seigneur, fais-moi toujours vouloir ce que tu veux et servir ta gloire d'un cœur sans partage". Et peu à peu, les obstacles tomberont qui nous empêchent de vouloir vraiment ce que Dieu veut. Nous avancerons vers ce sommet de l'amour qu'est l'union totale des volontés. Cela dépasse nos forces. Mais "rien n'est impossible à Dieu" (Luc 1, 37).