L'oraison, prière intérieure

Pour méditer

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Pour méditer # 1

L’apôtre, autre Christ

Là où l’homme ne fait qu’un avec Dieu. Dieu même est sa paix, sa jouissance et son repos. Mort à lui-même et bienheureux sans que rien ne s’y oppose, il n’en pratiquera pas moins les vertus lorsque le mouvement de l’amour le lui ordonnera.
L’homme qui, de cette élévation, est envoyé par Dieu dans le monde est plein de vérité et riche de toutes vertus ; et il ne recherche pas son bien, mais l’honneur de celui qui l’a envoyé. Et c’est pourquoi il agit selon la droiture et la vérité en toutes choses ; et son fond est riche et généreux, établi sur la richesse de Dieu. Et c’est pourquoi il ne peut pas ne pas toujours se répandre en tous ceux qui ont besoin de lui, car la source vivante du Saint-Esprit, c’est là sa richesse, et l’on ne peut l’épuiser.

Cet homme est un instrument de Dieu vivant et disponible, avec lequel Dieu opère ce qu’il veut et comme il veut ; et il ne s’attribue pas cela, mais il en donne à Dieu l’honneur ; et c’est pourquoi il reste disponible et prêt pour faire tout ce que Dieu commande, et fort et vaillant pour pâtir et supporter tout ce que Dieu établit sur lui. Et il mène une vie commune, parce qu’il est également prêt à contempler et à agir, et il est parfait dans les deux.

Bx Ruysbroeck l’Admirable

Le bienheureux Ruysbroeck l’Admirable (+ 1381) fut prêtre fondateur de l’abbaye de Groenendael. Ses écrits font de lui l’auteur le plus important des auteurs mystiques d’expression néerlandaise

L’appel de Dieu

Quand le Seigneur appelle quelqu’un, il l’appelle à être chrétien dans un état précis ; il n’existe pas de vocation baptismale à part d’une autre vocation, postérieure et distincte, monastique ou matrimoniale. Il y a une seule vocation pour chacun d’entre nous et nous devons la découvrir par l’Esprit Saint. Cette unique parole que le Seigneur a prononcée pour nous le jour où il nous a voulu ses fils par le baptême, doit être perçue par nous progressivement dans toute sa plénitude. Nous devons faire en sorte que le choix que le Seigneur a effectué pour nous une fois pour toutes dans sa souveraine liberté, trouve l’espace et le terrain adaptés pour se développer pleinement, pour atteindre l’accomplissement voulu par Dieu. Etre moines pour nous, comme être mariés pour d’autres, signifie donc être chrétien jusqu’au telos, jusqu’à la fin. C’est pourquoi il est absolument nécessaire que l’offrande de sa propre vie, les promesses, les vœux, ne viennent que comme une réponse à Dieu, une conséquence de son amour qui nous a appelés en priorité.

Enzo Bianchi

Enzo Bianchi est le fondateur de la communauté monastique œcuménique de Bose, dans le nord de l’Italie.


Au Père par le Fils

R_Maritain

Nous n’avons pas d’autre guide vers la vie éternelle, la vie divine, la béatitude, que la vie du Christ, l’enseignement du Christ, la Passion du Christ, la prière du Christ. L’imitation du Christ est la voie de l’amour et de la sainteté ; Il n’y a pas de prière, pas de contemplation, sans que le Christ soit dans l’âme, et sans qu’une imitation du Christ, une participation à ses états et à sa vie, et à sa prière, ce que Saint Paul appelait une reproduction de son image, soit présente au fond de l’âme. Lui-même y est présent aussi, parce que toutes les grâces reçues par l’âme atteignent celle-ci par l’ « instrument », « conjoint » à Dieu, qu’est l’humanité du Sauveur. S’agit-il des biens particuliers, même les plus justement désirables en eux-mêmes, pour lesquels, dans les innombrables occasions de la vie humaine, il nous arrive de supplier Dieu, il faut en croire Saint Paul : Nous ne savons que demander pour prier comme il faut. Mais l’Esprit lui-même intercède pour nous en gémissements ineffables (Rm 8, 26). Et que fait donc l’Esprit ? Il nous fait crier : Abba ! Père ! (v. 15). Qu’est-ce à dire sinon que l’Esprit, quand il nous fait prier comme il faut, nous remémore intérieurement l’exemple de Jésus et nous fait prier, comme des « fils adoptifs ».

Raïssa MARITAIN

Poétesse et essayiste, auteur des Grandes Amitiés, Raïssa Maritain (+ 1960) forma avec son époux, Jacques, un couple phare de la vie spirituelle et intellectuelle de la première moitié du XXe siècle.

L’espérance de sainte Joséphine Bakhita

J_Bakhita

Bakhita connut un « Maître » totalement différent – dans le dialecte vénitien, qu’elle avait alors appris, elle appelait Paron [« Patron »] le Dieu vivant, le Dieu de Jésus Christ. A présent, elle entendait dire qu’il existait un Paron au-dessus de tous les maîtres, le Seigneur des seigneurs, et que ce Seigneur était bon, la bonté en personne. Elle apprit que ce Seigneur la connaissait, elle aussi, qu’il l’avait créée, elle aussi – plus encore, qu’il l’aimait. Elle aussi était aimée, et précisément par le Paron suprême, face auquel tous les autres maîtres ne sont, eux-mêmes, que de misérables serviteurs. Elle était connue et aimée, et elle était attendue. Plus encore, ce Maître avait lui-même personnellement dû affronter le destin d’être battu et maintenant il l’attendait « à la droite de Dieu le Père ». Désormais, elle avait une « espérance » - non seulement la petite espérance de trouver des maîtres moins cruels, mais la grande espérance : « je suis définitivement aimée et, quel que soit ce qui m’arrive, je suis attendue par cet amour. Et ainsi ma vie est bonne ». Par la connaissance de cette espérance, elle était « rachetée », elle ne se sentait plus une esclave, mais une fille de Dieu libre. Elle comprenait ce que Paul entendait lorsqu’il rappelait aux Ephésiens qu’avant ils étaient sans espérance et sans Dieu dans le monde – sans espérance parce que sans Dieu. L’espérance, qui était née pour elle et qui l’avait « rachetée », elle ne pouvait pas la garder pour elle ; cette espérance devait rejoindre beaucoup de personnes, elle devait rejoindre tout le monde.

Benoît XVI