L'oraison, prière intérieure

 

 

saint Thomas
9 les conditions qui favorisent l'oraison

S'organiser

"On ne fait pas oraison quand on a le temps. On prend le temps d'être avec le Seigneur, avec la ferme détermination de ne pas le Lui reprendre en cours de route, quelles que soient les épreuves et les sécheresses de la rencontre" (Catéchisme de l'Église Catholique 2010).

C'est d'abord une affaire de stratégie. Sans une bonne organisation, pas d'oraison. Si je commence à manquer mes occupations habituelles et qu'ensuite j'essaie d'y ajouter le temps de l'oraison, je n'y réussirai jamais. Si au contraire, je commence à inscrire en priorité l'oraison, tout le reste trouvera peu à peu sa place.

Je peux me poser les questions suivantes :

* Quel est le meilleur moment de la journée :

- le matin, avant la lancée des activités ?

- au milieu de la journée, pour inviter à une rupture ?

- dans la paix du soir, au coucher ?

Dans le choix du moment, un élément du discernement est important : quand le logement sera silencieux. Inutile de vouloir prier à 18 h quand les enfants sont le plus énervés ou au moment où le voisin fait son concert quotidien sous la douche…

* Ensuite, la durée : combien de temps ?

Elle est évolutive : 10mn, 20mn, puis ½ heure par jour.

Mais il est important de prévoir la durée et de s'y tenir dans la régularité.

Ensuite, je peux me demander quelle importance je donne aux conversations, à la TV… C'est tout le déroulement de mes journées qui est à examiner en fonction de mes priorités.

Lire la Bible

La lecture de la Parole de Dieu est la nourriture de notre foi. Elle fait partie de la préparation à l'oraison. Dans cette Parole, Dieu me parle et m'éclaire. Il me dit ce qu'Il attend de moi aujourd'hui. Sans cette nourriture mon esprit se vide.

Concrètement, il y a plusieurs manières de le faire. La plus simple consiste à lire chaque jour les textes de la liturgie dans PRIONS EN EGLISE ou MAGNIFICAT. On lit le passage, on peut souligner ce qui frappe. On réfléchit. Cela s'appelle Méditer.

Mais la lecture attentive n'est qu'une préparation. Elle ne remplace pas l'oraison. L'oraison n'est pas un exercice de réflexion. Ne pas se contenter d'une lecture, même approfondie. L'oraison est une parole d'homme en réponse à la Parole de Dieu. C'est un dialogue. Il faut savoir fermer le livre et s'adresser directement à Jésus, puis ensuite L'écouter.

Se recueillir - faire silence

 Avant toute prière, se demander : "Qu'est-ce que je vais faire ?" (Ste Thérèse d'Avila). Les célébrations liturgiques ne peuvent produire de fruits qu'à condition que les acteurs, prêtres et laïcs les aient préparées par un temps de recueillement.

"Entre dans ta chambre et prie ton Père qui est là dans le secret" (Mat. 5, 6). "Dieu est l'ami du silence. Nous ne pouvons pas nous mettre directement en prière sans nous obliger au silence extérieur et intérieur. Le fruit du silence c'est la prière" (Mère Térésa).

Je peux regarder une image, une croix. Ensuite, je ferme les yeux. Je fais lentement le signe de la croix. J'implore l'Esprit Saint, puisqu'Il est en moi.
Je ferme la porte de mon cœur. Je rassemble toutes mes idées éparpillées pour les occuper à chercher Dieu. Je refais cet exercice autant de fois que c'est nécessaire. Je fais confiance au Seigneur ; "Heureux ceux qui croient sans avoir vu".

Je sais que Dieu est là. Il me regarde "Représentez-vous le Seigneur auprès de vous… Vous L'avez toujours à vos côtés" (Ste Thérèse d'Avila).

Me voici comme si j'étais aveugle. Je dois me laisser faire. Ce n'est pas le vide puisque je suis avec Jésus, avec le Père et l'Esprit, avec Marie. Jésus me dit comme à ses apôtres : "Venez à l'écart". Si je fais silence, je peux écouter Dieu. Et ensuite je pourrai écouter vraiment les autres. Ne pas oublier aussi que les petits enfants ont besoin de silence surtout dans la vie actuelle.

Une sœur disait à Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus : "Que dites-vous à Jésus ?" "Je ne Lui dis rien, je L'aime".

Avoir faim et soif

Posons-nous quelques QUESTIONS.

  • Est-ce que je suis heureux de venir à l'oraison ?
  • Est-ce que je considère ce temps comme un bonheur, une chance ?
  • Après une journée chargée, quand je prends un temps d'oraison, est-ce que le contact est tout de suite établi ?

Si c'est oui, c'est que ma volonté est restée avec Dieu. Dieu est ma priorité.

ou bien

  • Est-ce que je vais à l'oraison par devoir ?
  • Est-ce que je trouve le temps long ? (Attention, ce n'est pas scandaleux : Ste Thérèse d'Avila, avant sa conversion, trouvait que le sablier n'avançait pas)
  • Est-ce que j'ai vraiment beaucoup de distractions ?

Si c'est oui, cela veut dire que je n'aime pas Dieu suffisamment. Je suis trop attaché à moi-même, à mes occupations. Il y a quelque chose à changer. "Comme le cerf altéré cherche l'eau vive, ainsi mon âme te cherche, Toi mon Dieu" (Ps 41).

La base de l'oraison c'est la soif de Dieu, une douce tension vers Dieu. La louange naît dans le silence d'amour. Je pense : "Dieu m'aime" et je laisse résonner en moi cette parole. Et Dieu me répond en me donnant sa grâce. Si je ne sens rien, ce n'est pas grave.

Rester là, brûler gratuitement du temps est le signe de notre amour. Contrairement à ce que beaucoup pensent, les pauvres ont faim de Dieu plus que de pain. Et nous, qui avons tout, avons-nous faim de Dieu ?

"Je sens en moi une eau qui murmure : "Viens vers le Père"" (St Ignace d'Antioche). "Ton désir, c'est ta prière. Quand nous disons Dieu, que disons-nous ? Ce mot désigne tout ce que nous attendons. Tout ce que nous pouvons dire est au-dessous de la réalité". "O Seigneur, Tu es cette source qui est toujours à découvrir. Tu es notre tout, notre vie, notre nourriture" (St Colomban). Désirer prier c'est déjà prier.

Humilité

Jésus appelle un petit enfant. C'est lui, dans sa simplicité qui nous est proposé comme modèle. L'essentiel, si l'on veut parvenir au Royaume, est de se découvrir pauvre. "L'édifice (de l'oraison) repose tout entier sur l'humilité. Plus nous approchons de Dieu et plus nous devons grandir dans cette vertu" (Ste Thérèse d'Avila).

Donc, nous considérer comme des débutants. Ne pas chercher une perfection idéale. Trouver normal que les autres nous devancent. Éviter la trop grande activité et la vivacité. Modérer les activités extérieures et tenir son âme dans une parfaite immobilité. Se situer devant Dieu comme un pauvre. "Tu sauves le peuple des humbles" (Ps 18). Qu'avons-nous à donner à Dieu ? Faire oraison c'est recevoir, avoir les mains vides. "Heureux les pauvres de cœur, le Royaume des cieux est à eux".

Disponibilité - Je veux ce que tu veux

"Laisser Dieu disposer de tout" (Kierkegaard). "Dieu aime plus en vous le moindre degré d'obéissance et de soumission que tous les services que vous pensez lui rendre" (Ste Thérèse d'Avila). L'obéissance est préférable aux plus belles prières.

Vivre dans le présent. A quoi bon penser à ce qui m'arrivera ? Si Dieu nourrit les oiseaux du ciel, à plus forte raison il veillera sur moi. "Ce qui te préoccupe, Dieu s'en occupe" (Frère Roger). Dieu nous conduit toujours, même quand Il nous surprend. Pourquoi s'agiter ? "Dieu comble son bien-aimé quand il dort".

Essayer d'être serein dans les contretemps. "Une âme forte… est toujours calme, douce, imperturbable au milieu des peurs et des contrariétés. (Libermann). Accepter de vivre dans le provisoire, l'incertitude, sans avoir toutes les solutions. "J'ai fait un pacte avec le Seigneur - dit cette femme d'action - lui demandant de me faire connaître sa volonté uniquement au moment de l'exécuter… heure par heure. Je n'ai pas de programme spécifique" (Feu et Lumière sept. 2002).

Prier c'est dire oui à Dieu. Vouloir faire oraison c'est faire oraison.

Conversion

Nous avons l'intention de servir Dieu. Nous essayons de pratiquer sincèrement l'oraison. Mais les bons sentiments et les belles pensées - si nous en avons - ne suffisent pas. Nous avons encore beaucoup de défauts que nos proches nous signalent gentiment. Nous sommes encombrés par nos petits conforts, nos manies. Nous gardons des rancunes secrètes. Le mal se cache dans les replis secrets de notre âme. Le moi égoïste résiste.

"Tout sarment qui porte du fruit, mon Père l'émonde pour qu'il en donne davantage" (Jean 15). Jésus est prêt à nous aider, mais il ne fera pas le travail sans nous. Il attend des gestes concrets, des efforts de notre part. par exemple, aimer "en Dieu et avec Dieu la personne que je n'apprécie pas… J'apprends à regarder cette personne selon la perspective de Jésus-Christ. Son ami est mon ami" (Dieu est amour, 18).

Si j'améliore mon regard sur l'autre, mon rapport avec Dieu sera plus facile. Cette purification demande un véritable combat. C'est une sorte de mort.

Parmi les moyens que Dieu met à notre disposition, il y a la pratique régulière du sacrement de réconciliation, avec l'examen de conscience qui le précède.

En résumé, le progrès de l'oraison suppose en amont un effort de conversion. "Le monde ne pourra se transformer que si nous commençons nous-mêmes par changer de l'intérieur" (St Jean de la Croix, Montée 2). Nous sommes appelés à entrer dans la chambre nuptiale mais pour cela il nous faut quitter nos vieux vêtements, revêtir la robe des noces. C'est notre vocation. "Vous qui êtes des enfants sans tache au milieu d'une génération égarée et pervertie où vous brillez comme des foyers de lumière" (Ph. 2, 15).