L'oraison, prière intérieure

 

 

Esprit Saint Pentecôte
4 - ESPRIT SAINT ET ORAISON

L'ESPRIT GUERIT

Texte composé à partir d'exposés

du P. Patrice EON

et d'Isabelle LAURENT

 

L'homme est un être complexe et fragile. Il rassemble en lui les composantes qui peuvent être en opposition : le corps, l'âme et l'esprit. Aussi l'homme tiraillé fait l'expérience d'un combat silencieux livré dans les profondeurs de son être et dont bien peu ont conscience. "Car la chair convoite contre l'esprit et l'esprit contre la chair" (Ga 5, 17 - cf. Mat 26, 41) : " Je ne fais pas le bien que je veux et je commets le mal que je ne veux pas " (Rom 7, 20).

L'ESPRIT RECONSTRUIT

Heureusement, le Père a prévu le divin médecin, c'est l'Esprit Saint, l'Avocat, le Consolateur, le Père des pauvres (Jean 14, 25-26 ; 15, 26-27 ; 16, 7-15). Il nous redresse, nous convertit, nous fortifie, nous éclaire. Cette lutte est essentielle, car de son issue dépend la destinée terrestre et éternelle de chacun.

Dans ce combat, l'Esprit réconcilie et unifie peu à peu les trois zones corps-âme-esprit. Il spiritualise progressivement notre être tout entier appelé à la vie éternelle. L'homme passe de la lutte à la paix intérieure. On reconnaît la présence de l'Esprit lorsqu'il pacifie, console, réjouit. Peu à peu, on devient un homme nouveau, habilité à partager la vie de la Trinité, capable d'aimer Dieu et les autres comme Dieu les aime.
Mais, à cause de sa pesanteur, l'homme n'est pas encore totalement conforme au Christ. Il se trouve dans une situation provisoire. La vie future à laquelle il est appelé ne se réalise que par degrés successifs.

L'ESPRIT SAINT SANCTIFIE

Depuis le baptême, nous sommes habités par l'Esprit de Dieu : " Vous ne savez pas que vous êtes un temple de Dieu et que l'Esprit de Dieu habite en vous ? " (I Cor 3, 16). L'Esprit est la principale composante de notre être. Sa mission est de transmettre ce qu'il a reçu du Père par le Fils. Il est le "dispensateur des dons". L'Esprit vient en aide à notre faiblesse car nous ne savons pas prier comme il faut ; mais l'Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements inexprimables" (Rom 8, 26).

Sa présence est absolument nécessaire : sans lui, nous sommes incapables de faire le bien. "Toutes les vertus sont nulles sans la charité" (S. Léon). "Dieu refusera tout ce qui ne viendra pas du feu de la charité" (S. Jean d'Avila). Au contraire, "Vos prières, vos veilles, vos travaux, vos autres bonnes œuvres sont très agréables au Seigneur quand elles sont faites dans la ferveur de la grâce divine" (Sainte Angèle de Foligno).

L'ESPRIT PRIE EN NOUS

Il n'y a qu'une seule vraie prière, celle de Jésus en dialogue perpétuel avec son Père. Et au cœur de l'échange divin, il y a l'Esprit qui porte l'élan du Fils vers le Père et l'élan du Père vers le Fils. Faire oraison, même si on ne sent rien, c'est descendre dans notre cœur et là, laisser l'Esprit Saint nous élever vers Jésus et par lui vers le Père dans un élan d'amour, et également laisser l'Esprit Saint porter l'élan du Père, avec tout son amour, à travers Jésus, vers nous.

Telle est l'extraordinaire qualité de notre prière, même la plus sèche : c'est celle de la Trinité en nous, avec nous. Et en même temps son extraordinaire simplicité : il suffit de donner son consentement à l'Esprit Saint. C'est le "je veux ce que tu veux". L'oraison n'est pas la prière de l'homme seul ; l'oraison n'est pas la prière de Dieu seul ; c'est l'œuvre conjointe de l'Esprit de Dieu, uni à l'esprit de l'homme qui consent à entrer dans le dialogue divin.

L'oraison, jointe à la lecture de la Parole, aux sacrements et la vie de charité, nous livre sans réserve, à travers l'Esprit, à l'action de grâce du Fils, c'est-à-dire à l'unique prière qui plaît au Père.