L'oraison, prière intérieure

 

 

Greco- Pentecôte
14 – PROGRESSER DANS L'ORAISON

LES DÉBUTS

Ceux qui désirent penser à Dieu d'une manière plus approfondie prennent chaque jour un moment uniquement consacré à la prière. Ce temps est généralement court, au moins au début.

Leur prière est surtout une méditation. Pour maintenir leur attention, ils lisent un texte d'Évangile, par exemple celui que la liturgie propose chaque jour. Ils essaient de réfléchir. Ils parlent à Dieu. Quelquefois ils goûtent un certain bonheur. Le plus souvent ils sont distraits ou s'ennuient. Ils se demandent s'ils doivent continuer. L'oraison est une longue patience. Ce qui compte pour ces débutants, c'est la fidélité.

S'ils ont le courage de tenir bon, peu à peu la durée de ce temps d'oraison augmente. L'oraison devient une habitude ; elle fait partie de leur vie. De son côté Dieu n'est pas ingrat. Il donne à ces priants plus de force pour accomplir leurs différentes tâches. A la longue, ceux-ci constatent différents fruits. Ils voient des progrès, même si les chutes sont encore nombreuses. Ils sentent des forces nouvelles, une paix qui surprend leur entourage, une espérance qui vient d'ailleurs.

QUELQUES SIGNES DE PROGRÈS

Quand je regarde ma façon de prier aujourd'hui et que je me rappelle ce qu'elle était autrefois, je m'aperçois qu'il y a eu des changements. Voici quelques exemples.

- On consacre plus de temps à la prière et on y tient beaucoup.

- L'oraison s'est simplifiée. On a moins besoin de partir d'un texte d'Écriture. La prière devient un entretien paisible. On est heureux d'être avec Jésus, notre meilleur et véritable ami. On revient souvent à Lui pendant la journée.

La pensée de Dieu affleure à tout moment. On pense à Dieu dès le réveil (et peut-être même au cours du sommeil ?).

Le rapport au temps change. Le temps n'est plus une durée vide, neutre, ennuyeuse. Il prend de la valeur, de l'épaisseur. Chaque heure devient précieuse. Chaque action au lieu d'être banale est considérée comme unique, en vue de l'éternité.

On cherche à faire uniquement la volonté de Dieu. On fait très attention à mettre sa vie en cohérence avec les exigences de l'Évangile.

  • On craint de contrister l'Esprit Saint. On essaie d'être fidèle à suivre ses inspirations et de ne rien lui refuser.
  • On veut aimer son prochain, à cause de Dieu, comme Dieu, même ceux qui font du mal.
  • On garde au fond de soi la paix et une certaine joie, même au milieu de circonstances difficiles.
  • On se reconnaît pécheur. On cherche moins à s'excuser. On devient humble. On accepte de passer pour rien.
  • On lit l'Écriture Sainte, mais cela ne suffit pas. On nourrit son âme avec des ouvrages et des revues de spiritualité.
  • On désire que Dieu soit partout connu et aimé. On participe, chacun selon ses moyens, à des groupes ou des services d'Église.

AYONS LE DESIR DE PROGRESSER

La sainteté est l'œuvre de l'Esprit. Tout vient de Lui. Mais, de notre côté, nous devons nous efforcer de grandir en amour. Pour cela il existe de nombreux moyens : les sacrements, les différentes prières, le service des autres. Mais un des chemins les plus efficaces pour progresser reste la pratique de l'oraison, parce que c'est l'occasion de se livrer consciemment à l'action de Dieu.

Il faut toujours garder le désir de progresser. Quel que soit notre âge, soyons persuadés que nous ne sommes que débutants. L'apprentissage de la prière intérieure n'est jamais terminé. Le chemin de l'oraison est sans fin. A côté des grands priants comme Ste Thérèse d'Avila ou St Jean de la Croix, nous sommes de tout petits enfants.

Pour grandir dans cette science il n'y a pas de méthode. C'est en faisant oraison qu'on apprend ce qu'est l'oraison… Et l'unique Maître, c'est le Saint Esprit.

Dieu m'aime tel que je suis, donc, je me présente à lui tel que je suis !

Cependant, quelle que soit notre manière de faire, notre oraison est toujours bonne et plaît à Dieu. Dieu nous aime tels que nous sommes. Il pardonne tous nos péchés et nos négligences. L'important est de PERSEVERER.

Repères pour l'oraison

Ce questionnaire a été mis au point par un groupe de chrétiens soucieux d'approfondir la théorie et la pratique de l'oraison. Utilisé quotidiennement pendant quelques semaines ou quelques mois, il permet d'accéder à la découverte des lois vitales de l'oraison.

En suivant ces conseils, très vite l'on progressera dans l'Oraison.

DEBUT DE L'ORAISON

1. Ai-je, à l'avance, fixé l'heure de mon oraison ? L'ai-je attendu comme un rendez-vous avec le Seigneur ?

2- Mon oraison a-t-elle commencé par :

..un geste de prière calmement fait (signe de croix, génuflexion, prosternement, mains ouvertes et offertes…)

..ou une prière vocale lentement récitée (Notre Père, hymne à l'Esprit Saint …)

3- Ai-je adopté une attitude corporelle favorisant la stabilité physique, donc le recueillement intérieur ? (Cf. la brochure Le Corps et la Prière, Ed. du Feu Nouveau)

4. Me suis-je adressé, sans retard à Dieu comme à une personne vivante qui m'aime, me regarde et m'attend ? (Sinon, je risque fort de vivre l'oraison dans le flou ou bien au niveau des idées)

5. Ai-je posé un acte de volonté précis pour orienter toute l'oraison ? (Ex. : " Seigneur, je suis là pour toi ", " Je veux ce que tu veux de cette oraison ", " Je veux que cette oraison soit pour ta gloire ")

6. Ai-je demandé l'aide de Dieu pour bien vivre cette oraison ?

7. Ai-je eu la volonté de vivre mon oraison non pas isolément, mais uni à la prière de tous mes frères chrétiens ?

CORPS DE L'ORAISON

8. Suis-je parti d'une page de l'Écriture pour nourrir mon oraison ? Ou bien d'une pensée de foi (Ex. : le Christ est là qui me regarde et m'aime (cf. Mc 10,21) ; Il m'aime tel que je suis ; la Trinité habite en moi (cf. Jn 14,23) ; l'Esprit du Christ en moi prie le Père (cf. Rm 8, 15-16)

9. Ai-je veillé à rester le corps immobile et détendu durant toute l'oraison afin de favoriser le silence intérieur ?

10. De quoi fut faite mon oraison ?

  • lecture priée d'une page d'Écriture
  • attitudes intérieures diverses (foi, amour, espérance, adoration, louange, repentance, intercession, demande …)
  • conversation avec le Seigneur
  • prière vocale
  • silence
  • actes de volonté réaffirmant l'orientation du départ (cf. q. 5)

11. Quelles difficultés ai-je rencontrées (distractions, ennui, flou, tension ….) ? Ai-je fait l'effort nécessaire pour y échapper ?

12. S'il y a eu des distractions, l'une d'elles a-t-elle dominé ? (Cette question aide à discerner en soi, un éventuel obstacle à l'amour de Dieu, surtout si c'est la même distraction ou des distractions du même ordre qui reviennent à chaque oraison

13. Avec quelle Personne de la Sainte Trinité ai-je été spécialement en relation : Père, Fils, Esprit Saint ? Ou était-ce avec Dieu en tant qu'Il est Un ?

FIN DE L'ORAISON

14. A la lumière de mon oraison, quelque chose doit être changé dans ma façon de penser ou d'agir ? (Ex. : un visage de Dieu ou du Christ trop méconnu jusqu'alors ; une orientation de vie à prendre ; une attitude ou un comportement à modifier ….)

15. Ai-je regardé la journée à venir à la lumière de mon oraison ? (pour demander à Dieu de comprendre ses volontés et lui demander sa grâce ; pour lui recommander les personnes que je dois rencontrer …)

16. Comment ai-je terminé mon oraison ?

  • en remerciant Dieu pour les grâces connues ou inconnues qu'il m'a accordées
  • en lui demandant pardon pour mes négligences
  • en faisant un geste de prière (signe de croix, prosternement …)
  • ou en récitant une prière vocale (Notre Père, Gloire au Père ….)

17. Ai-je emporté de mon oraison un verset, une pensée ou une scène d'évangile qui m'aidera à rejoindre le Seigneur au long de la journée ?

18. Après l'oraison, ai-je écarté toute complaisance ou tout dépit selon qu'elle m'a semblé réussie ou non ?