Qu'est-ce que la
" lectio divina " ?
Littéralement : " lecture divine ". C'est une méthode qui vient d'une longue tradition monastique pour aborder la Parole de Dieu et s'en nourrir spirituellement. Dieu me parle aujourd'hui à travers la création et les événements, mais aussi par ses prophètes et par son Fils qui est la Parole même (He 1). En l'écoutant, je discerne peu à peu le sens du monde et de l'existence, et l'orientation de ma propre vie. C'est ce que les anciens moines recherchaient à travers la " lectio divina ", cette lecture lente et méditée de la Parole de Dieu. Pratiquée au cours des âges par des chrétiens en recherche de la volonté du Seigneur sur eux, elle est toujours actuelle.
Comment s'y préparer ?
Consacrer à cette lecture un moment régulier et de longueur suffisante. Soit chaque jour, soit chaque semaine, en lui donnant par exemple une soirée, ou deux heures, le samedi ou le dimanche.
Me mettre dans des dispositions physiques et psychologiques de détente et de réceptivité. Il peut être bon, par exemple, d'écouter d'abord un peu de musique qui apaise et intériorise, ou bien de faire quelques exercices de détente.
Aborder la Parole de Dieu avec l'appétit du cœur, au sens biblique où le cœur est le lieu de l'écoute de Dieu.
Choisir le texte que je vais lire. Je peux prendre la lecture suivie d'un livre de la Bible que je poursuivrai au fil des jours. Ou bien un texte particulier, en fonction du temps liturgique, des circonstances de ma vie, de mes besoins, ou encore en suivant un thème que je veux creuser davantage. Il est très souhaitable de situer ce texte par rapport à l'ensemble de l'histoire du salut (voir les introductions dans la Bible). Au début, il vaut sans doute mieux partir du Nouveau Testament.
Comment aborder la Parole de Dieu ?
Lire avec le cœur. " Seigneur, donne-moi un cœur qui écoute ", priait Salomon (1 R 3, 9) Que ce soit d'abord le cœur, ce " cœur nouveau " que façonne l'Esprit Saint, qui entreprenne la lecture. Que ce soit lui qui soit en appétit et non pas d'abord le mental. Il ne s'agit pas d'accumuler un savoir, mais d'entendre un appel. Le meilleur moyen est de commencer par une prière de supplication au Seigneur pour qu'il me dispose à l'entendre.
Savourer, " ruminer " la Parole de Dieu. Elle est vivante en celui qui la médite, comme un enfant dans le sein de sa mère. La goûter dans une lecture lente. Lorsqu'un verset éveille en moi un écho profond, le laisser retentir longuement. Cultiver les sentiments d'adoration, de louange, d'intercession qui surgissent de cette lecture priante. Ne reprendre la lecture qu'après avoir épuisé le " suc " du verset en question. Il est bon que cette activité du cœur et de l'intelligence fasse place à la prière silencieuse. Celle-ci mûrit la Parole de Dieu au tréfonds de mon être.
Me rendre vulnérable à la Parole. Me laisser juger, interpeler, modeler par elle. M'exposer au " danger " de la Parole : danger d'être bousculé dans mes petites habitudes, mes façons de penser et de vivre (He 4, 12). Elle peut me conduire où je ne pensais pas aller, comme elle a converti un François d'Assise et tant d'autres.
Comment Dieu m'a-t-il parlé ?
A la fin de ma lecture, je m'interroge : est-ce que cette écoute de la Parole m'amène à modifier quelque chose dans ma manière de penser et d'agir. Est-ce qu'elle me donne quelque lumière sur l'orientation de mon existence ou sur telle décision à prendre ? Noter cette lumière pour y revenir.
Enfin, m'efforcer de " garder " la Parole. Comme Marie qui " conservait toutes ces choses dans son cœur " (Lc 2, 51). Alors, la Parole de Dieu sera lampe qui éclaire mes pas, comme dit le Psaume. Grâce à elle, je saurai éviter les obstacles, interpréter les événements de ma vie, découvrir le chemin où Dieu me conduit.
C'est par la Parole que le Saint Esprit forme en nous ses prières, et la négligence de la Parole rend impossible la prière par le Saint Esprit. Si nous alimentions le feu de nos prières de ce combustible qu'est la Parole de Dieu, toutes nos difficultés disparaîtraient.
R-A. TORREY
Autrefois, à la Maison de Prière de Troussures (Oise), le Père Caffarel prodiguait les conseils suivants :
COMMENT LIRE UN EVANGILE :
Ignorer les saintes écritures, c'est ignorer Jésus Christ. La Parole de Dieu appelée autrefois " Lectio divina " Celui qui médite, qui la rumine, qui la mâche, devient un familier, un ami du Seigneur ! St Jean ch 3 v 29 On devient ce que l'on admire, on s'identifie à la chose que l'on regarde Eh bien c'est ce qui va advenir de celui qui rumine, qui mâche, qui médite, il va devenir petit à petit ce qu'il admire, s'il se laisse façonner par la parole de Dieu.
Comment procéder ?
D'abord choisir, préparer le texte que l'on va lire. Lire ce texte la veille au soir ; on s'endort en y pensant, on se réveille en y pensant. Il est très important de s'engager dans la lecture d'un Évangile de bout en bout. On soulignera les passages principaux, ceux qui nous interpellent, d'une couleur particulière à l'aide d'un feutre, et du coup, dans les moments difficiles, lorsqu'on reprendra ce texte, on reviendra plus facilement vers le Christ. Une prière mal préparée est une prière mal faite !
Ensuite
Situer le texte dans la vie du Christ, ou Où est-ce qu'il se situe dans la vie du Christ ? Ensuite, la lecture du passage proprement dit : Je le lis, mais très lentement, en lisant chaque mot. Lire à mi-voix la parole. Quand on a beaucoup de temps, on peut écrire la phrase, le mot qui retient mon attention. Je vais essayer d'être tout écoute et tout attention. Lire la parole, c'est prier, c'est écouter, c'est être comme une terre vierge.
La parole de Dieu est créatrice, elle me transporte au plus profond de moi-même. (Isaïe 55) " De même que la pluie et la neige... "
La parole opère une transformation. " Heureux celui qui écoute ma parole et qui la garde " D'où : Apprendre par cœur la parole. Souvent s'obliger à mémoriser la parole Tout cela afin que le Christ me fasse entrer dans sa relation avec le Père. Les gens à forte personnalité ont un axe dans leur vie. Le Christ était quelqu'un à forte personnalité et l'axe du Christ toute sa vie, ce fut son Père.
Cette façon de faire a pour but de nous aider à mieux connaître, à communier à la personne du Christ, à nous faire entrer dans sa relation au Père. Prenons le texte d'évangile que nous avons préparé ; Imaginons la scène à partir de nos cinq sens ! (Imaginé par St Ignace de Loyola) Le but est que tout mon être, tout mes sens soient orientés, focalises, vers la personne de Jésus Christ. En un mot, être spectateur attentif de la scène.
Quels sont les sentiments qui habitent le cœur du Christ ? Quels sont les sentiments qui habitaient le cœur des apôtres Quand ça se passe ? Murmure des pharisiens. Qui est là en présence ? J'essaie de voir qui est en présence, j'essaie de répertorier les différentes parties. Que disent-elles ? Ou que ne disent-elles pas ? Que font-elles ? Je vais essayer d'être attentif à tous les regards Je prends un exemple concret : Jn 21 (4) La pêche miraculeuse.
Je fais intervenir mes cinq sens :
Je regarde, Je sens, J'écoute, Je touche, Je goûte.
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Je regarde : Les personnes, les mouvements, les gestes.
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J'écoute : Le Clapotis de l'eau, les paroles échangées, le silence.
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Je sens : L'humidité du matin, l'odeur du poisson.
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Je touche : Le filet sous mes doigts.
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Je goûte : Un poisson grillé !
Où ? quand ? comment ? qui ? quoi ? Gestes, paroles, silence.
Non pas imaginer un démon folklorique et entrer dans un imaginaire sentimental ou délirant, mais au contraire, être présent à la scène de l'Évangile pour appréhender le réel. Aller de l'extérieur vers l'intérieur. Sentiments, pensées, volontés internes. Je repère l'idée centrale du texte ; qu'a voulu me dire par ce passage d'évangile, le Seigneur ? Il ne s'agit pas là d'abord d'une technique, mais plutôt de se laisser guider par l' E.S qui nous conduit mystérieusement dans cette méditation pour en tirer quelques fruits. Mieux connaître Jésus Christ et moi-même suivant ce que l'Esprit Saint me donne d'accueillir.
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