L'oraison, prière intérieure

 

 

Sommaire

  • initiation des enfants à l'oraison
  • L'âge de l'identification
  • des gestes pleins de respect
  • des paroles simples
  • Moïse, Abraham, Samuel
  • un lieu de prière
  • De la découverte du monde à la découverte de Dieu
  • Témoignages
  • Un âge privilégié d'intimité avec Dieu
  • La responsabilité des adultes
  • Faisons découvrir le silence à l'enfant
  • Respectons l'âme de l'enfant
  • Laissons l'enfant à sa spontanéité
  • Si vous ne devenez pas comme des petits enfants
  • ...
  • Un premier bilan

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'Oraison et les enfants - 1.1
oraison des enfants

"Pour moi, dit Dieu, je ne connais rien d'aussi beau dans le monde qu'un gamin d'enfant qui cause avec le bon Dieu dans le fond du jardin.
Et qui fait les demandes et les réponses (c'est plus sûr).
Un petit homme qui raconte ses peines au bon Dieu le plus sérieusement du monde.
Et qui se fait lui-même les consolations du bon Dieu.
Or, je vous le dis, ces consolations qu'il se fait, elles viennent directement et proprement de moi."
Charles Péguy

" On est quelquefois si heureux auprès de Dieu qu'on ne désire qu'un grand silence ", disait le jeune Jean-François.

   

Que d'enfants pourraient faire semblable expérience de Dieu, qui les marquerait pour la vie ! Mais, voilà, personne pour les initier à cette prière intérieure que l'on appelle oraison ! Et pourtant, n'en doutons pas, ils ont en eux depuis leur baptême des antennes spirituelles qui les rendent merveilleusement aptes à entrer en relation avec leur Dieu.

Le Christ ne disait-il pas : " Je te rends grâce, Père, Seigneur du ciel et de la terre, d'avoir caché ces choses aux sages et aux habiles, et de les avoir révélées aux tout-petits " (Luc 10, 21) ?

Ne tardons pas à initier les enfants à la rencontre avec Dieu. Il les attend. Ils ont grand prix à ses yeux.

C'est pour vous aider à cette tâche urgente et exaltante, amis lecteurs, que nous avons composé ce numéro que nous sommes heureux de vous offrir.

D. W.

Initiation des enfants à l'oraison

Deux principes d'activité caractérisent le psychisme de l'enfant jusqu'à cinq ans : un besoin d'identification à ce qui l'entoure, et une exploration active de son milieu pour connaître et " s'approprier " le monde qui l'environne.

L'âge de l'identification

L'enfant, bien qu'il ait quitté le corps maternel, demeure profondément uni à sa mère. Psychiquement, il ne fait qu'un avec elle durant ses premières années. Son psychisme est imprégné de cette union totale qu'il avait avec un autre être avant de naître, il lui reste attaché, il n'a pas encore conscience de son individualité : sa tendance est de continuer à vivre comme au travers des personnes qui l'entourent. Il contemple hommes et choses et s'intègre à l'objet de sa contemplation. Il regarde, écoute, ressent intensément, se laisse pénétrer pour bientôt ne faire plus qu'un avec ce qu'il a découvert. Le milieu ambiant agit fortement sur lui. Il n'est que le mime inconscient des gestes et des impressions de son entourage.

Cette identification lui est une possibilité d'enrichissement continuel. Participant à toutes les qualités, à toutes les virtualités des situations dans lesquelles il se trouve, il s'en revêt pour ainsi dire et les assimile peu à peu.

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Lorsque l'enfant entre ainsi dans le jeu des situations, tout ce qui est fort, saisissant, vivant, l'attire. Inconsciemment, de tout son être, il tend à grandir et à rechercher ce qui le haussera, ce qui l'élèvera. Il adhère plus facilement aux attitudes qui lui paraissent avoir un certain degré de dignité et de noblesse. Il aime les adultes qui lui parlent sérieusement et le traitent en grand, sans affectation. C'est vers eux qu'il va, tandis qu'il se détourne sans s'en rendre compte de tous ceux qui le traitent avec trop de sensibilité, qui croient l'intéresser en lui parlant d'une manière enfantine.

En faisant prier nos enfants, nous devons donc avoir le souci de les former au contact de personnages, de modèles qu'ils puissent imiter. Ces modèles doivent comporter des caractères de grandeur que l'enfant prendra à son propre compte.

Les parents sont ses premiers modèles. A son tout premier âge, le bébé ne peut pas encore parler, mais il regarde, il contemple. C'est par les yeux qu'il s'enrichit, qu'il entre en contact avec le monde extérieur et qu'il lui est possible de percevoir quelque message divin.

   

Des gestes pleins de respect

L'enfant voit nos gestes, nos visages, nos attitudes. Notre physionomie est-elle souriante, respire-t-elle la tristesse ou la sévérité, sa vie psychique se trouve marquée par cette joie ou cette gravité. Pensons qu'il en est de même lors de la prière. L'enfant nous regarde, à genoux près de son berceau. Tout notre être doit refléter devant lui nos sentiments profonds. Si nous prions avec respect, le respect pénètre notre enfant. Si notre attitude exprime une foi profonde, inconsciemment et peu à peu, le soir, à l'heure de la prière, le tout-petit deviendra sérieux. Nous avons vu dernièrement une fillette de deux ans, très expansive,devenir soudain sérieuse au moment où ses parents s'agenouillaient devant son lit. Pour le petit qui ne peut parler et sait à peine faire des gestes, regarder c'et prier ; sa contemplation comporte une identification muette.

Quand l'enfant sera capable de gestes, il ne faudra pas lui en apprendre que nous fassions nous-mêmes. Que nos attitudes, nos gestes (mains jointes, offertes…) soient vrais. Sans s'en rendre compte, le petit nous imitera avec une confiance sereine. Loin de nous la pensée de déchoir par une comportement enfantin ! La religion que nous proposons à l'enfant ne doit pas, ne peut pas être une religion d'adulte. Tout ce qu'il doit faire, nous le ferons avant lui pour qu'il se sente grandi par nos attitudes d'adultes. Nous pouvons, en silence, nous incliner avec respect, mettre la tête dans nos mains, nous frapper la poitrine, lever les mains en signe de joie, d'offrande ou de demande. Que la même attitude soit souvent reprise afin de permettre à l'enfant de découvrir graduellement le sentiment qu'elle traduit.

Et quand nous le jugeons plus à l'aise dans ses propres gestes, provoquons-les s'il en est besoin. Encourageons leur spontanéité. Et ne cherchons pas à brûler les étapes en voulant absolument lui faire prononcer des mots, qu'il peut encore à peine parler. Garons-nous de lui faire prendre des attitudes de prière devant la famille et les amis, sous prétexte de faire apparaître sa fraîcheur d'âme. La prière est trop sérieuse pour qu'on s'en amuse.

   

Amazing Grace ("Une grâce incroyable", mélodie anglaise célèbre du XVIIIe siècle, attribuée à John Newton) Ayako Ishikawa, violon, Eisuke Mochizuki, piano