L'oraison, prière intérieure

 

 

LES FRUITS DE L'ORAISON

Anne-Sophie - TOULOUSE

Élevée dans une famille catholique pratiquante, j’ai pris très tôt l’habitude de prier en famille et personnellement, par différents « moyens » appris de mes parents ou de mes profs (chapelet, prière liturgique, prières par les sacrements et l’adoration…).

Mais bizarrement, ce n’est qu'à dix-neuf ans que j’ai découvert le terme d’"oraison", lors de ma première "vraie" retraite prêchée par l'un de mes oncles, dominicain, sur les mystères du Rosaire.

J'ai eu à cœur de faire les oraisons requises après chaque prêche et, lorsqu'on nous a évoqué les exhortations de Ste Thérèse d'Avila à ses filles sur le "quart d'heure vital" pour se sauver, j'ai eu envie de poursuivre cette vie d'oraison une fois revenue dans le monde : je pense que j'étais mue à l'époque par ce gage de salut éternel, mais j'ai finalement mis un pied par ce biais dans l'oraison pour, finalement, y aller "gratuitement" (le Seigneur est patient !).

Mais pour démarrer, il fallait s'initier et apprendre pourquoi et comment faire oraison, c'est pour cela que j'ai suivi en tant qu'élève ma première école d'oraison sur Versailles, juste après mon mariage, à vingt-deux ans.

J'ai très vite connu des consolations spirituelles pour m'encourager à persévérer et j'allais à l'oraison "en chantant" ; mais mon mari, malgré une grande foi et une immense confiance en la Providence, n'était pas convaincu de la nécessité de l'oraison : cela a été alors un "challenge" pour moi de lui montrer les fruits de l'oraison dans ma vie :

– ce fut d'abord l'accueil d'une famille nombreuse, alors que je n'avais pas été "préparée" à une famille aux enfants rapprochés et avec un mari à l'époque étudiant en médecine et encore aujourd'hui très sollicité

– ce fut l'humilité qui rentrait dans ma vie par la petite porte de l'oraison, car j'étais issue d'un milieu intellectuel "tradi" où parfois l'on est très sûr de soi et peu ouvert à découvrir l'autre dans ses différences, et pourtant que de richesses dans la grande famille de l'Église ! Aujourd'hui, je me sens un "melting-pot" de cette Église et je me sens proche de beaucoup de sensibilités religieuses différentes : l'oraison est le point commun de toutes ces âmes découvertes et aimées à travers nos nombreux déménagements dans les sept premières années de notre mariage…

– ce fut encore le soutien presque psychologique de mon oraison quotidienne, alors que j'ai une famille où les dépressions et/ou maladies psychiatriques se multiplient sur plusieurs générations : je me suis toujours sentie soutenue, passant à travers quelques déprimes quand je mettais l'oraison de côté et à nouveau pleine d'énergie quand je la reprenais sérieusement (aucun mérite donc à persévérer pour moi, car sinon je me sens mal et je n'arrive plus à tendre vers le bien !)

– enfin, maintenant que je connais des années de sécheresse spirituelle, je découvre la richesse de la fidélité malgré tout, d'aimer malgré l'impression d'absence et toujours l'approfondissement d'une humilité quotidienne, car je suis bien loin des "7 demeures" de Ste Thérèse (à peine la première !), d'autant que cinq grossesses et cinq allaitements prolongés ont cassé à plusieurs reprises mon rythme d'oraison, mais Dieu, dans sa grande miséricorde, s'y est retrouvé et ne m'a jamais enlevé ce que j'appelle "une sainte culpabilité" afin que je ne sois jamais "en paix" tant que je faisais mon oraison en pointillé ! Je l'ai ainsi finalement toujours reprise et aujourd'hui que je ne suis ni enceinte ni allaitante (!), je tâche de faire trente minutes d'oraison par jour…

Bref, Dieu m'a toujours donné les moyens de reprendre et d'y être plus ou moins fidèle malgré la pauvreté apparente de mon oraison, je reste persuadée qu'elle est l'essence de ma vie et qu'elle m'est aussi nécessaire que l'air dans mes poumons.

Elle est le souffle de mes journée, elle m'apporte la paix dans mes impatiences, le recul dans mes grandes décisions… etc.… car elle me restructure dans un temps offert gratuitement et replace "Dieu premier servi" dans ma vie moderne dispersée ! Je dirai que j'en ressens presque plus les fruits par leur absence quand je néglige mon oraison…

Mon oraison est à la fois peu et tout. Et, au fur et à mesure (déjà quinze ans !), j'ai appris à ne plus la juger, mais à la vivre en vérité et à en témoigner :

– auprès de mon mari et une première bataille remportée est de savoir qu'il est désormais persuadé de sa nécessité et qu'il se met en chemin vers l'oraison

– auprès de mes enfants et des autres, grâce à la méthode Noëlle Le Duc pour éveiller les petits à la prière silencieuse intérieure (il s'agit bien de l'oraison dès 3-4 ans : pourquoi attendre comme moi dix-neuf ans, on s'en imprègne ainsi très tôt !)

– enfin aux Équipes Notre-Dame et surtout lors des écoles d'oraison.

– Il faut que j'en témoigne car, pour moi, l'oraison n'est pas facultative : citez-moi un saint qui n'en ait pas vécu ! Elle muscle notre âme en décuplant ses moyens et ses œuvres, car elle fait de nous des instruments du Christ.

Lors de cette session d'école d'oraison, nous allons échanger et je tâcherai de vous livrer quelques "trucs" qu'on m'a donnés dans ce "combat" pour améliorer mon oraison, ou plus précisément mon "entrée" en oraison, car une fois dans le cœur de l'oraison, c'est Dieu qui agit et qui nous transforme à son gré (nous n'en sommes plus maîtres !). Mais nous sommes certains de son action divine, quelle que soit l'impression ressentie, c'est la foi qui nous en assure comme dans l'épisode de l"hémorroïsse" où une force est sortie de notre Seigneur presque malgré lui pour la guérir.

Alors fonçons dans cette aventure, cette lutte spirituelle de l'oraison quotidienne pour nous faire façonner par et dans le Christ et panser nos blessures dans les siennes !

L'équipe du site oraison souhaite que se créent des écoles d'oraison. Nous sommes prêts à aider.

Il est difficile de tenir dans la pratique de l'oraison si on n'a pas suivi une école d'oraison.

A la suite du P. Caffarel, il existe en France une vingtaine d'écoles d'oraison.

1) Pour créer une école d'oraison, il faut réunir cinq ou six personnes très motivées par l'oraison

2) Deux formules principales : sept soirées (une par semaine) ou deux week-ends. D'autres sont possibles.

3) Contenu : une dizaine d'enseignements et des temps d'oraison en commun.

4) L'école d'oraison peut être lancée par des laïcs. Le témoignage des laïcs qui pratiquent l'oraison est déterminant. Ils s'assureront le consensus d'un prêtre.

Pour tout conseil ou aide, contacter le Père Yves Jausions – 22 bis, rue St Louis – 35000 RENNES – tél 02 99 67 61 59.