L'oraison, prière intérieure

 

 

 

caillebote
8 Les distractions ne sont rien

Nous portons en nous des soucis, des questions, des joies aussi. L'oraison étant un moment de grand silence tous les sentiments que nos occupations avaient écartés reviennent en force. Les distractions sont naturelles. Elles sont le fruit de notre mémoire, de notre imagination. Elles peuvent d'ailleurs être aggravées par la fatigue. La prière est vite détournée de son objet.

Faut-il s'en inquiéter ? Non. Elles ne sont pas graves, dans la mesure où nous ne les avons pas cherchées. Ce sont des mouches qu'il suffit d'écarter, des nuages qui passent. Sainte Thérèse d'Avila recommande de ne pas s'en occuper. "Elles ne sont pas des péchés, par conséquent, elles ne déplaisent pas à Dieu. Au contraire, elles excitent sa pitié" (Saint Jure).

"Dieu exerce l'âme de toutes sortes de manières pour l'habituer à rester fidèle en toute circonstance" (St Macaire). Donc il faut essayer de supporter humblement l'épreuve des distractions ou même parfois le sommeil qui peut survenir au cours de l'oraison. Dieu est touché par notre persévérance. L'oraison de pauvreté est bonne. "Seigneur, Tu entends le désir du pauvre" (Psaume 10, 17).

En pratique, il suffit de revenir à Dieu autant de fois que c'est nécessaire. On reprend conscience qu'Il est là et on reste en paix.

Un conseil utile : si je pense tout à coup à une tâche à remplir, je la note aussitôt afin de ne pas l'oublier sur une feuille ou un carnet que j'ai à portée de main, et ensuite je reprends l'oraison.

Quand il y a beaucoup de distractions

Les distractions très nombreuses sont souvent le signe d'un problème. Elles peuvent venir d'un manque de discipline dans le reste de la journée. Peut-être sommes-nous habituellement attachés exagérément à notre travail, mais également à nos pensées, rêveries… musique, bref à tout ce qui nous cause un certain plaisir. Ou inversement, peut-être que nous sommes dominés par des préoccupations, des souffrances.

distraction fatale

Dans ce cas, "Les peines et les soucis ne sont pas des distractions. Dieu les connaît et nous devons les remettre à son amour. Ensuite, autant qu'il est possible, essayer de ne pas être occupé par eux durant l'oraison. Cette oraison n'est pas sans mérite". Ph. Duvaux

Évidemment, le cas d'une grande souffrance est différent (maladie, décès, conflit, échec…). On n'a pas à écarter ce grave problème, mais au contraire à en faire l'objet de l'échange avec Jésus. On lui offre cela, on le supplie, en union avec sa Passion.

En dehors de ces circonstances graves, l'afflux des distractions est souvent le signe d'un manque de vigilance habituel, d'un attachement à soi-même. Dieu est l'unique bien. Est-ce que je L'aime vraiment plus que tout ? Est-ce que je peux dire : "Je veux ce que Tu veux" ?

Jésus recommande de "prier sans cesse". Cela ne veut pas dire qu'il faut arrêter de travailler, mais que nous devons essayer d'agir pour lui en toutes choses. La lutte contre les distractions est liée à l'orientation habituelle de nos journées.

L'oraison est un moyen très fort pour mettre Dieu à la première place. Descendre chaque jour dans le cœur profond produit à la longue un détachement de l'ego. C'est un chemin de vérité et de conversion. La persévérance courageuse dans l'oraison nous centre sur Dieu. Elle est un bon moyen pour écarter, au moins un peu, ces fameuses pensées et images qui parasitent nos prières.