« Lorsque Françoise repose dans son petit lit, je viens souvent faire oraison près d’elle. Un jour, j’ai pensé que ce n’était pas assez de prier auprès d’elle ou pour elle, qu’il me fallait faire oraison en son nom. Mais puis-je ainsi l’engager, puis-je croire que, par moi, déjà elle prie ? »
Bien sûr ! car elle est vôtre, cette petite fille.
Sans la consulter, vous lui avez donné la vie et maintenant vous la comblez de biens. Et de tous les biens, le meilleur que vous puissiez lui donner n’est-il pas de prier en son nom ?
Entre elle et vous, il y a une manière de symbiose spirituelle, comme autrefois, du temps que vous la portiez en vous, une symbiose physique. Vous continuez à la porter spirituellement. Disons, en langage chrétien, qu’entre cette petite baptisée et vous il y a communion des saints.
Un jour viendra où elle pourra accepter ou refuser de dépendre de vous, d’être engagée par vous. Alors, suivant sa réaction, vous prierez ou ne prierez pas en son nom : on ne peut prier au nom de quelqu’un, il faut y être autorisé. Mais il vous restera toujours de pouvoir prier pour elle.
A supposer que plus tard elle perde la foi, vous pourrez encore prier en son nom si elle y consent, et ainsi, par vous, elle priera encore.
Ce qui est vrai entre la mère et l’enfant l’est à plus forte raison entre le Christ et le chrétien. Le Christ prie non seulement pour moi mais en mon nom. Si, par le péché, je me trouvais séparé de lui, je pourrais encore lui demander de prier en mon nom. Et si carrément je le refusais, lui et ses dons, je ne pourrais cependant pas faire qu’il ne prie pas pour moi.
Quant à vous qui lui êtes fidèle, ne mettez pas en doute qu’il prie en votre nom, lui qui vous porte – car il vous porte, comme la mère son enfant, lui qui disait à ses disciples : « Vous êtes en moi » (Jn 14, 20).
Père Henri Caffarel