L'oraison, prière intérieure

 

 

Cette heure d’oraison que je t’offre…

Sœur Jeanne d'Arc

 

Ce temps précieux dont je suis si avare, je n’ai rien de plus précieux à t’offrir – et me voici devant toi, et je le laisse couler goutte à goutte, inutile.

Cette heure de ma journée, ces soixante lentes minutes que j’ai décidé de brûler devant toi, les voici, vides, vidées de tout pour toi ; je suis confus de ne savoir mieux les remplir et d’être là, tout interdit, vaguement ennuyé, harcelé par ces choses que j’ai voulu écarter de cette heure pour te la donner, mais qui reviennent battre contre les parois de mon âme, et je ne sais comment les faire taire. Pardonne ma distraction, ma maladresse et mon ennui.

De toute ma pauvre foi, je crois. Tu es l’acte pur et tu agis en moi – trop profondément pour que j’en aie conscience. Tu es l’amour et tu pénètres la substance de mon âme - trop divinement pour que je puisse le sentir.

Je crois en toi, je crois en ton agir en moi, et je laisse couler le temps dans cet acte de foi, et je t’offre ainsi en libation cette heure unique, cette heure irremplaçable de ma vie qui s’écoule…

Je répands cette eau avec persévérance et toujours ma terre est aussi aride, et je ne vois rien germer…

Cependant, pour te plaire, je continuerai ma pauvre libation.

Et si un jour vient l’heure de ton bon plaisir, tu peux faire tomber le feu du ciel pour consumer en un instant toute l’eau répandue. Tu peux, à ta manière divine, transformer ce lent écoulement du temps en une expérience déjà d’éternité.

"Un cœur qui écoute" (Editions du Cerf)