Donc, il s’agit, en priant la « prière de Jésus », de s’attacher à Jésus, uniquement ; c’est cela qui est important. Ce n’est pas la respiration qui est importante. Ce qui est important, c’est de s’attacher à Jésus. Et la prise de conscience de la respiration sur le Nom de Jésus, se fait d’elle-même, petit à petit, sans qu’on s’en aperçoive. Et un jour, ou une nuit, on se réveille, et on sent la prière de Jésus comme faisant partie de nous, de notre souffle. Elle respirait en nous pendant notre sommeil : on s’éveille, et l’on sent la Prière de Jésus, la présence de Jésus, et c’est à ce moment là qu’on prend conscience que ce n’est pas nous qui l’avons fait, mais le Seigneur. Que c’est un don du Seigneur.
Il était important de souligner cela, afin de ne pas nous lancer dans des expériences qui pourraient nous nuire.
Et si nous insistons, c’est parce que, dans le petit livre « récit d’un pèlerin russe », et aussi dans l’autre livre « la petite philocalie de la prière du cœur », il y a un certain nombre d’auteurs qui insistent impérativement pour lier la Prière de Jésus et une technique respiratoire, en insistant toutefois sur la nécessité de le faire sous la conduite d’un starets très expérimenté. h) un autre aspect de la prière de Jésus qui est, lui, vraiment très accessoire, on peut dire la prière de Jésus en comptant les invocations sur un chapelet, sur un rosaire, sur un chotcky. Certains se demandent pourquoi : sans doute parce que cela revient au même que de dire : je vais dire la prière de Jésus pendant 10 minutes ; mais pour savoir si les 10 minutes sont terminées, je risque de regarder souvent ma montre : tandis que si j’ai un chotcky entre les mains, je dirai 100 invocations, en suivant les grains. Ainsi, je consacrerai le même temps, mais sans avoir à regarder ma montre.
D’autre part, comme il en est pour la respiration, le fait de dire la prière de Jésus en égrenant un chapelet, associe le corps à la prière par le toucher, et cela favorise l’attention. Le rythme créé par le fait d’égrener les grains renforce la prière.
4) chapelet et prière de Jésus
Souvent on trouve des personnes qui se trouvent partagées entre le chapelet et la prière de Jésus. La façon de prier de Séraphin de Saropte, le saint russe moderne le plus connu et le plus aimé, pourra les aider. Il alternait la prière de Jésus avec une invocation à Marie :
Seigneur Jésus Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi, pécheur.
Très Sainte Mère de Dieu, Vierge Marie, réjouis-toi…
On peut aussi alterner calmement :
Jésus, Marie, Jésus, Marie…
Je termine en disant quelques mots sur le COURAGE qui est nécessaire pour recourir à la prière de Jésus. En effet, cela suppose d’éliminer tout ce qui est étranger au Christ. Au moment où je dis la prière de Jésus, je fait effort pour chasser pensées, souvenirs, impressions, projets et pour me centrer uniquement sur le Christ. Et cela ne se fait pas du jour au lendemain, c’est toute une auto-éducation du contrôle cérébral qui se fait peu à peu.
Cela suppose beaucoup de courage et de persévérance, parce que nous nous plaignons d’être assaillis par nos pensées, nous nous plaignons de ne pas en être maîtres, et, bien souvent, nous en sommes un peu complices.
Nous aimons cette sorte de flou, de sensations, d’idées, d’impressions, qui nous habitent, et dans lequel nous nous complaisons, un peu comme dans une drogue, qui nous permet d’échapper au réel.
Donc, recourir à la prière de Jésus, c’est à dire stopper ce cinéma intérieur qui nous habite à longueur de temps, c’est un grand acte de courage et de bonne volonté vis à vis de Dieu.
Parfois on s’impose certains renoncements un peu artificiels, on cherche quels efforts on pourrait faire, mais justement le premier effort à faire serait cet effort de contrôle mental et d’assainissement de ce « cinéma » intérieur.
Tout le secret de la paix du cœur, de l’avancement dans la vie spirituelle, est dans ce sain courant de la prière. Je dis COURAGE, car je sais bien qu’il en coûte d’abandonner ses pensées, ses réflexions. C’est là l’abnégation, le renoncement. Si vous cherchez des pénitences, prenez celle ci : c’est la croix, le crucifix de votre intérieur » (Père de Savignan).
Cela dit bien que renoncer à ses pensées, à son imagination vagabonde, pour recourir à la prière de Jésus est vraiment un acte de courage que l’on pose par amour pour Dieu.
Conclusion
Les bienfaits de la pratique de la prière de Jésus sont certains. Il y a une efficacité surnaturelle :
Ouverture à l’action de Dieu.
Il y a une efficacité naturelle : des bienfaits psychologiques, mentaux, et même physiques. Les témoignages en sont pleins. (personne qui retrouve le sommeil, alcoolique guéri, et même un bronchiteux chronique guéri). La répétition d’une même formule freine le vagabondage mental, apaise l’imagination, et l’affectivité.
Évidemment, il ne faut pas se mettre à prier la prière de Jésus pour en obtenir des bienfaits.
Le seul critère par lequel nous reconnaîtrons que nous devons prier la prière de Jésus : nous sentir pécheur, profondément, aspirer à être guéri, et tout attendre de JESUS.
Des livres pour nous initier à la Prière de Jésus :
- Les récits du Pèlerin Russe Auteur inconnu
- La Prière de Jésus Par un moine de l’Église d’Orient
- Petite philocalie de la prière du cœur
Père HENRI CAFFAREL