Au lecteur

La multiplication des groupes de prière engendre au sein de l’Eglise une grande espérance. Encore faut-il, pour que cette espérance soit fondée, que soit donnée dans ces groupes une formation à une vie chrétienne intégrale, et notamment à la prière intérieure.

Plus fort et plus pressant que dans les précédentes décennies, monte aujourd’hui d’un peu partout le cri : apprenez-nous à prier !

Mais l’homme peut-il enseigner la prière à son frère ? N’est-ce pas une activité mystérieuse, bien plus divine qu’humaine ? Le seul maître à prier n’est-il pas l’Esprit de Dieu ?

Il n’empêche qu’un enseignement humain sur la prière, tout insuffisant qu’il soit, peut être un moyen dont l’Esprit Saint se servira.

Combien émouvantes toutes ces citations qui nous livrent confidences, intuitions, réflexions, appels de ces grands amis de Dieu ! Elles nous font entrevoir la vie de prière qui bouillonnait en eux, ou qui était devenue, au plus profond de leur être, comme une nappe d’eau pure et paisible.

Ce n’est pas d’abord à notre intelligence que s’adressent ces textes, mais à cette région la plus profonde en nous, que la Bible nomme le « cœur ». Pour les bien entendre, il faut, à l’exemple de Salomon, demander à Dieu « un cœur qui écoute ». Alors ils feront jaillir en nous la prière. Comme le bâton de Moïse qui, en frappant le rocher, délivrait une source d’eau vive.

Que le lecteur se garde de lire plus d’une citation à la fois. « Ce n’est pas d’en savoir beaucoup qui rassasie l’âme, disait Saint Ignace de Loyola, mais de sentir et goûter les choses intérieurement ».

Est-il besoin de dire que ces citations n’ont pas la prétention d’offrir un traité complet de la prière ? Des aperçus importants n’y figurent pas.

Tout au long de ma vie j’ai amassé, dans mon cahier gris, des citations sur la prière. J’en livre quelques poignées à mes frères, comme le paysan livre à la terre les semences qu’il puise dans le pan de son manteau.

Père Henri Caffarel