L'oraison, prière intérieure

 

conversion de St Paul

 

Quelques textes de Péguy et Claudel ici
Paul Claudel - Sa conversion

Foi et croyance

Le philosophe et poète Paul Claudel, athée et anticlérical a vécu une conversion, un soir de Noël à Notre Dame de Paris. Voici le récit qu'il en a fait :

« En essayant de reconstituer les minutes qui suivirent cet instant extraordinaire, je retrouve les éléments suivants, qui cependant ne formaient qu'un seul éclair, une seule arme, dont la Providence se servait pour atteindre et s'ouvrir enfin le cœur d'un pauvre enfant désespéré.

Que les gens qui croient sont heureux ! Si c'était vrai, pourtant ?

C'est vrai ! Dieu existe, il est là ! C'est quelqu'un, c'est un être aussi personnel que moi ! Il m'aime, il m'appelle.

Émotion bien douce, où se mêlait cependant un sentiment d'épouvante et presque d'horreur ! Car mes convictions philosophiques étaient entières. Dieu les avaient laissées dédaigneusement où elles étaient. Je ne voyais rien à y changer. La religion catholique me semblait toujours le même trésor d'anecdotes absurdes ; les prêtres et les fidèles m'inspiraient la même aversion qui allait jusqu'à la haine et jusqu'au dégoût. »

Ainsi Dieu avait converti le cœur de Claudel, son être profond, mais sans modifier ses pensées, lui laissant le soin de convertir son intelligence. Dieu lui avait donné la foi mais pas la croyance. Ce philosophe anticlérical a dû, laborieusement et humblement, découvrir l'intelligence de la foi et, du même coup, la sainteté de l'Église, « la sainte Église des pécheurs ». Beaucoup ne font pas la différence entre foi et croyance. Pourtant elles sont bien différentes.

La croyance est une opinion, un système de pensées, d'idées, une adhésion à des propositions considérées comme vraies. Notre croyance est imparfaite. Elle peut donner lieu à des incompréhensions, des questions, des doutes. Il revient à chacun de la perfectionner, avec l'aide de l'Église. La croyance est de l'ordre du mental.

La foi est une confiance donnée à une personne, et non à des choses. Donner sa confiance est une aventure risquée, car elle engage celui qui la donne comme celui qui la reçoit. S'agissant de Dieu, on dit que c'est Dieu qui donne la foi.

C'est bien vrai, mais un cadeau, il faut le prendre et s'en servir. La foi est aussi le fruit d'une décision.

La décision de faire confiance, décision difficile, marquée d'incertitude au départ. Mais celui qui a le courage de cette décision et qui la met effectivement en pratique, ne tarde pas à la voir se confirmer dans les événements de sa vie. Elle devient alors une source de joie, comme celle du jardinier qui voit lever et grandir sa semence. La foi est de l'ordre de l'amour.

La foi et la croyance sont réunies dans cette phrase du Père Caffarel : « Je sais que tu m'aimes »

Remarques

Quelqu'un peut réciter le Credo en acceptant toutes les propositions qu'il contient, et vivre sans en tenir compte. Il a la croyance mais pas la foi.

Inversement, des personnes font confiance à Dieu sans rien connaître de lui, sinon qu'elles se sentent aimées. Elles ont la foi sans la croyance.

La majorité des chrétiens semblent se situer entre ces deux extrêmes : leur croyance est limitée et leur foi faible. Ils doivent mettre en pratique leur foi afin de l'augmenter et se servir de leur intelligence pour développer leur croyance.

Comme Saint Paul à Damas a dû se faire instruire par Ananie, de même Claudel a dû se faire catéchiser après avoir reçu la foi. Cela pourrait nous inspirer dans notre apostolat, notre manière de participer à l'évangélisation.

Évangéliser n'est pas d'abord exposer une doctrine, argumenter, séduire ou convaincre, c'est, comme le demande Jésus dans l'Évangile, préparer la rencontre avec lui. C'est à l'occasion de cette rencontre que la foi est donnée à celui qui la désire consciemment ou inconsciemment, pourvu qu'il soit de bonne volonté. C'est ainsi que Jésus a recruté les douze : la rencontre a suffi pour les persuader de le suivre en « laissant tout ». Il est toutes sortes de rencontres, fulgurantes comme pour St Paul ou Claudel, lentes et progressives comme celle de Jacqueline de Romilly qui a reçu le Baptême à quatre-vingt-dix-sept ans !

Dieu prend grand soin de respecter notre liberté. Mais comment rencontrer Jésus ?

Le premier moyen, c'est l'Église qui nous donne l'Évangile, les Sacrements et la Communion des Saints. C'est un moyen qui nous atteint par l'extérieur d'abord.

Le second moyen, qui peut atteindre tout être humain (chrétien ou non) par l'intérieur, c'est l'oraison.