Se préparer à l'eucharistie
Avant de communier, il faut se préparer. Communier suppose que l'on croie fermement à la Présence réelle, mais ce n'est pas facile.
Si déjà les contemporains de Jésus, y compris les plus proches, ont mis du temps à découvrir ce prophète, que pourtant ils voyaient et entendaient, à combien plus forte raison pouvons-nous être déroutés lorsqu'il se présente à nous, caché sous le voile eucharistique. Comment réaliser que le pain et le vin consacrés puissent contenir toute la personne de Jésus, homme et Dieu ? "Nos cœurs défaillent", nous sommes mis "à rude épreuve" (L'Église vit de l'Eucharistie).
Marthe Robin ne pouvait recevoir la communion qu'une fois par semaine : elle s'y préparait pendant quatre jours et prolongeait ensuite son action de grâce pendant trois jours. Elle disait : "La communion peut n'être qu'un geste".
P. Caffarel : "Communier sans se préparer, c'est jeter une graine sur une terre non labourée". L'Eucharistie produit ses fruits en proportion de l'amour.
Le document préparatoire au dernier Synode insistait sur la nécessité d'approfondir le premier des sacrements, donc de développer notre FOI en l'Eucharistie. Si le sens du sacré s'affaiblit, on risque de banaliser la messe. Comme remède, le document invitait les prêtres à expliquer le sens des mots qui caractérisent les Saints Mystères : Que signifie Eucharistie ? Mémorial de la Croix, Saint Sacrifice, Festin des Noces de l'Agneau, Communion au Corps du Christ et communion des membres de l'Assemblée, présence Réelle, Saint Sacrement, Pain d'immortalité, Messe ?... Cette seule énumération met en valeur la richesse inouïe du signe que Jésus a laissé dans son immense amour.

Il faut nourrir notre foi par l'étude de la parole de Dieu. Mais cela ne suffit pas. Ce que dit Ste Thérèse à propos de tout exercice s'applique d'abord à l'Eucharistie : "approchez-vous de Lui, mais songez et comprenez à QUI vous allez parler" (Chemin de la perfection 24).
Nous ne sommes pas à un repas ordinaire ni à une simple réunion fraternelle. Peut-on venir à un pareil festin sans mettre le "vêtement des noces" par un temps consacré à la foi, à l'amour ? Si l'oraison est nécessaire pour donner de la valeur à nos journées, à plus forte raison est-elle indispensable pour donner tout son sens à la "grande prière, l'action la plus sainte de l'Église". Ce qui était vrai autrefois l'est encore plus à notre époque bousculée et sécularisée. L'oraison nous permet de quitter nos affaires quotidiennes pour nous préparer à recevoir l'Eucharistie.
L'Eucharistie devrait nous couper le souffle. "Si l'homme connaissait bien ce mystère, il mourrait d'amour" disait le Curé d'Ars.
Voyons ce qui se passe quand nous faisons oraison.
Au début, il y a les préludes : acte de foi : "Tu es là, je T'adore, je T'aime". L'appel au Saint Esprit : "Viens adorer en moi". "Je veux ce que Tu veux de ce moment". Si on se met ainsi en tenue au début de l'oraison, il est évident qu'on doit bien davantage se préparer à recevoir Dieu venant Lui-même sous le signe du Sacrement eucharistique.
L'action de grâce après la communion
Après la messe, il est encore plus nécessaire d'être présent spirituellement. Peut-on partir sans remercier l'Hôte divin ? Restons longuement prosternés devant Jésus présent. Dans l'adoration, puissions-nous approfondir notre contemplation personnelle et communautaire" (Jean Paul II, Reste avec nous 18).
Il est important de prolonger ce temps béni, dans la mesure du possible. Bien sûr, on doit tenir compte des nécessités : travail ou autre. On s'attarde soit à ce moment-là (de préférence), soit à un autre moment de la journée.
Ou encore, on prend un temps dans la semaine : c'est l'adoration, qui n'est pas autre chose que l'Eucharistie prolongée par la Présence Réelle. Le document du Synode revient à plusieurs reprises sur l'importance de l'adoration : une oraison centrée sur la Présence de Jésus. C'est l'Oraison par excellence.
Donc, l'Eucharistie sans un temps d'oraison, avant et après. "Jésus se plaint à une contemplative : "Après la communion, on me laisse seul". Arriver comme ça à la messe, et après se projeter dans le flot des affaires quotidiennes, c'est dévaloriser ce qu'il a de plus Saint. C'est faire de la messe un moment comme les autres.
L'oraison a son achèvement dans la messe et la messe se prolonge par un temps d'adoration, donc d'oraison. "Demeurez en moi, comme je demeure en vous". Messe et oraison sont liées.