L'oraison, prière intérieure

 

 

Véronèse

 

 

Maurice Denis - montée au calvaire
3 - DIEU EST EN NOUS

Croire à la Présence

Dieu habite en nous. Jésus dit : "Si quelqu'un m'aime, il observera ma parole et mon Père l'aimera. Nous vien-drons à lui et nous établirons chez lui notre demeure" (Jean 14, 23). Et Saint Paul : "Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que le Saint-Esprit habite en vous ?" (I Cor 3, 16).Le cœur profond dont nous avons parlé est le lieu de la rencontre extraordinaire dans laquele l'Esprit Saint nous parle et nous divinise. C'est notre trésor. "Tu portes des galaxies" (Daniel-Ange).

Dieu se plaît chez nous. Il nous cherche. Il est amoureux de nous, tout en nous respectant : sa grande discrétion est le signe de sa délicatesse infinie. Il a le projet de nous transmettre tout ce qu'il est, sa grandeur sans limite. Il nous aime personnelement, tels que nous sommes, avec nos faiblesses et même nos péchés, comme une mère aime chacun de ses enfants.

Malgré la distance infinie qui nous sépare, nous avons le privilège inouï de pouvoir non seulement le connaître, mais de lui ressembler. Un jour nous le verrons face à face. Et dès maintenant, il est en nous d'une manière cachée mais réele. Dès l'origine j'ai été introduit dans le monde de l'amour, de la grâce. La vie de Dieu est en moi, en germe. Je suis en apprentissage de ma condition d'enfant de Dieu.

La plupart du temps, on ne sent rien. Nous n'en avons pas une connaissance immédiate. C'est une affaire de foi pure. On a besoin qu'on nous l'apprenne, en attendant que nous le découvrions par nous-mêmes.

Découvrir en nous la Présence

 

Cependant, cette présence de Dieu en nous peut être perçue de différentes manières, à l'occasion d'événements marquants. Il serait bon de nous rappeler quels sont ces événements qui nous ont brusquement révélé que Dieu était là.

Ainsi Dieu se manifeste parfois à chacun de nous. Mais il faut du temps pour en prendre conscience. Comme Jacob, nous pouvons dire : "Dieu était là, et je ne le savais pas". Cela demande un effort d'attention et de prière. Quand nous relisons notre vie, l'Esprit Saint nous révèle une dimension que nous ne connaissions pas, quelque chose que nous portions en nous sans que nous nous en doutions, le "cœur nouveau" (Ez 36, 26)

"Tard je t'ai aimée, ô beauté si ancienne et si nouvele… Tu étais au-dedans de moi et c'est au dehors que je te cherchais. Tu étais avec moi et je n'étais pas avec toi" (St Augustin). Comment avons-nous pu vivre tant d'an-nées sans nous douter de cette présence ?

Cette Présence est sanctifiante

La présence de Dieu est active. La Trinité me transforme en ele. Je deviens toujours plus participant de la nature divine.

Cette transformation, cette divinisation est permanente -sauf péché grave délibéré. Les fautes légères la retar-dent mais ne l'empêchent pas. Minute après minute, heure par heure, jour par jour, nous progressons, y compris pendant le sommeil… Nous ne sommes plus les mêmes qu'hier…

Nous progressons sans cesse, sans fin. C'est une ascension perpétuele, en spirale, de plus en plus rapide. Chaque étape s'appuyant sur la précédente. Notre croissance n'a pas de limite, Dieu étant infini… Tout dépend de notre disponibilité, de notre amour.

Cette sanctification est l'œuvre de l'Esprit Saint. Je suis son chef d'œuvre. Merci, Esprit Saint ! Je dois vivre dans la joie.

Rechercher la Présence

 

Il y a donc en nous ce feu brillant qui rend notre âme splendide. Cette présence demande une réponse de notre part, des efforts. Notre cœur est-il vraiment nouveau ? C'est par la prière, même une prière pauvre et maladroite que nous arrivons petit à petit à découvrir ce que nous sommes, notre vraie nature, qui consiste à être habité par Dieu. Chez certains, cela devient un sentiment presque permanent de la présence de Dieu.

Si vous désirez découvrir la prière intérieure, c'est parce que vous êtes attiré par ce désir de rencontrer un peu plus profondément le Seigneur. Bien sûr, il y a des alternatives, des moments de lumière et d'autres d'obscurité où l'on ne sent plus rien : "Seigneur où es-tu ? " Mais on continue à croire. On ne retranche rien aux temps d'oraison. On reste fidèle. On sait que l'oraison est faite pour Dieu et non pour soi. "Je suis à mon Bien-aimé" (Cat 6, 3). "Ne sommes-nous pas toujours deux dans tes difficultés et tes embarras", dit Jésus à une mère de famile, ne cherche rien en dehors de moi". Tel est le point de départ de toute prière.

"Dieu seul suffit" (Ste Thérèse d'Avila). L'oraison est un temps passé avec ce Dieu qui nous habite. Rester là, même si je ne sens rien. Etre "comme une toile blanche devant un peintre". Tant qu'on n'a pas cherché à rencontrer Dieu, on n'a pas fait oraison. Inversement, si on a commencé ce temps de prière par un "vigoureux acte de foi" (Sainte Thérèse), l'oraison est bonne, quelles que soient les distractions : Dieu voit notre intention.

Vivre en présence de Dieu

Eric de Rus

L'exercice de la Présence de Dieu doit continuer pendant la journée, en dehors du temps réservé à l'oraison.

"Si j'avais compris, comme je le fais aujourd'hui, qu'en ce tout petit palais qu'est mon âme habite un si grand Roi, je ne l'aurais pas laissé seul si souvent. Je me serais tenue de temps en temps auprès de lui ; et j 'aurais fait le nécessaire pour que le palais soit moins sale. Qu'il est admirable de songer que celui dont la grandeur emplirait mille mondes s'enferme en une si petite chose."

Le Frère Laurent de la Résurrection disait que c'est grandement se tromper de croire que le temps de l'oraison doit être différent de l'autre : nous sommes aussi étroitement obligés d'être unis à Dieu par l'action, dans le temps de l'action, que par l'oraison dans son temps.

Il donne trois moyens principaux pour rester en présence de Dieu :

  • jeter fréquemment un regard intérieur de foi sur Dieu présent au centre de notre âme, en l'accompagnant de courtes oraisons jaculatoires
  • nous adresser à tous moments à lui pour lui demander son secours et sa lumière
  • éviter de se disperser pendant la journée et rejeter les choses qui ne sont pas nécessaires à notre occupation présente.

"L'exercice de la Présence de Dieu a pour but de nous aider à éviter l'oubli de dieu par des retours à Dieu. Ils consistent à rétablir en notre âme les dispositions qu'ele avait en sortant de l'oraison… Ce sont donc des actes qui nous permettent de garder nos facultés toujours plus orientées vers Dieu… Ils sont comme le… prolongement naturel de l'oraison qui devient, grâce à eux, non plus un acte passager sans influence, mais un état de prière. Ils en sont aussi la meileure préparation (Dom Godefroy Belorgey). "Celui qui ne se fait pas une habitude de l'exercice de la présence de Dieu ne fera jamais oraison… Il faut donc s'exercer souvent, en dehors de l'oraison, à la présence de Dieu, afin d'en acquérir l'habitude" (P. Chaminade).