L'oraison, prière intérieure

Pour méditer

Pour méditer # 1

Pour méditer # 2

Pour méditer # 3

Pour méditer # 4

Pour méditer # 5

Pour méditer # 6

Pour méditer # 7

Pour méditer # 5

Péguy et la modernité

De tous les mauvais usages que l’on peut faire de la prière et des sacrements, de tous les abus, de toutes les perversions de la prière et de l’usage des sacrements, aucun n’est aussi odieux que cet abus de paresse qui consiste à ne pas travailler et à ne pas agir, et ensuite, et pendant, et avant à faire intervenir la prière pour combler le manque. Il y a là une bassesse, un odieux abus de la prière et du sacrement. Car c’est faire jouer, c’est faire intervenir, c’est employer la prière et le sacrement non pas seulement à masquer la paresse, mais proprement à désobéir à la loi du travail, qui est, je pense, une loi. C’est les employer à soutenir, à nourrir, à compenser la paresse.

Autant il est permis, autant il est beau, autant il est profond de demander par la prière, de demander dans la prière le couronnement de fortune et ce sort des batailles qui ne réside que dans l’événement, autant il est stupide, et il est de désobéissance de vouloir que le bon Dieu travaille à notre place, et d’avoir le toupet de le lui demander. Demander la victoire et n’avoir pas envie de se battre, je trouve que c’est mal élevé.

Les Croisés, entre tous autres Saint Louis, qui faisaient une guerre Sainte, qui se battaient littéralement pour le corps de Dieu, pour le temporel de Dieu, puisqu’ils se battaient pour le recouvrement du tombeau de Jésus Christ, ne s’y fiaient pourtant pas. Ils ne priaient pas comme des oies qui attendent la pâtée. Ils priaient mieux que nous, et ensuite, et si je puis dire en exécution de leur prière, et presque déjà en couronnement de leur prière, ils se battaient, eux-mêmes, tant qu’ils pouvaient, de tout leur corps, et eux-mêmes de tout leur temporel.

Charles Péguy

Quand la prière nous ennuie…

Je sais qu’il y a des personnes fort unies à Dieu, qui ont prié plusieurs années sans avoir aucune douceur sensible ; et néanmoins elles ont toujours surmonté les plus grandes tentations, et se sont montrées si fermes dans les occasions où il s’agissait du service de Dieu, et de lui rendre des témoignages de leur obéissance et de leur amour, que rien ne les a pu ébranler.

Allez donc à l’oraison, non pour y chercher le goût, non pour y recevoir des consolations, mais pour vous y tenir dans un extrême respect et abaissement devant Dieu, pour y épancher votre misère devant sa miséricorde, et pour vous tenir malgré toutes vos distractions en sa sainte présence, ne voulant ni ne cherchant que son bon plaisir et sa sainte volonté. En faisant ainsi, vous ne vous apercevrez pas que vous n’avez point de goût, parce que ce n’est pas le goût que vous êtes allée chercher, c’est notre Seigneur ; et vous trouverez toujours par la foi ce divin Sauveur, cela vous doit suffire. Faites votre devoir envers Dieu, et ne vous mettez pas en peine ; il saura bien répandre sa miséricorde sur vous quand cela vous sera expédient.

Ste Jeanne de Chantal

Née à Dijon en 1572, Jeanne Frémyot était veuve du baron de Chantal à 29 ans avec quatre enfants. La rencontre de François de Sales fit d’elle la pierre angulaire de la Visitation dont elle fonda les quarante-deux premiers monastères, jusqu’à sa mort en 1641.


Recevoir la Parole

Quand nous recevons la parole du Seigneur et que nous y adhérons avec humilité, authenticité et sincérité, la foi pénètre, se déploie et se répand comme une germination spirituelle, mystérieuse et lumineuse à la fois, premier acte de notre vie en Dieu. Par conséquent, avant toute chose, écouter, puis garder. Il ne faut pas seulement faire un acte passif d’acceptation. Une réaction active est nécessaire, un acte en conséquence. Il faut méditer. Et il y a un troisième moment. La Parole doit se transformer en action et guider notre vie. Elle doit être appliquée à notre style de vie, à notre façon de vivre, de juger et de parler. Alors seulement nous pouvons nous dire vraiment chrétiens, quand la parole de Dieu modèle et informe notre façon concrète de vivre. Il est donc nécessaire de nous appliquer à donner le plus possible à nos actes la logique et la cohérence chrétiennes. Ainsi, la vie chrétienne se révèle extrêmement attirante.

Chiara LUBICH

Chiara Lubich (+ 2008) est la fondatrice du mouvement des Focolari, qui promeut l’unité entre les hommes.

S’abandonner dans la foi

Que la foi dure dans nos cœurs, c’est un signe de grand amour. C’est un don de Dieu, quelque chose de trop grand pour que nous en soyons dignes. Et nous le portons, dit Saint Paul, dans des vases fragiles. Votre vocation est de garder dans votre cœur cette foi, en devinant de jour en jour le merveilleux trésor qu’elle est, et en la confessant avec beaucoup de simplicité, de douceur, mais aussi de force, dans des milieux si désemparés que vous trouvez. J’aime mieux votre foi que celle qui est trop friande de merveilleux. Il y a une spontanéité qui relève de la curiosité plus que du désir profond et intime d’adhésion à Dieu, de n’avoir qu’un esprit avec lui. Il ne faut pas chercher le miracle pour lui-même, pas plus que les consolations sensibles. Il faut se rappeler que Dieu, comme le dit Saint Thomas, peut remuer plus facilement l’univers que nous notre main, qu’il le fera un jour pour ses élus, comme il l’a fait aux jours de Pâques et de la Transfiguration, pour son Fils, comme il se plaît à le faire souvent pour les saints qui sont d’(autres Christ. C’est de sa part comme un jeu, un pur désir de glorifier ceux qui ont tout abandonné pour lui.

Card. Charles Journet

Mgr Charles Journet (+ 1975), théologien catholique suisse francophone, fut créé cardinal par le pape Paul VI en 1965. Il a joué un rôle considérable au concile de Vatican II, notamment dans la rédaction de la constitution Gaudium et Spes.